Risographe, mon amour – Kabinet.studio
La communauté RISO regroupe des milliers d’aficionados du risographe (ou duplicopieur), une solution d’impression inventée en 1984 par RISO KAGAKU CORPORATION.
Des créatifs de tout poil – artistes, imprimeurs, illustrateurs… – se sont approprié cette technologie sans pareille qui sert de vecteur à l’expression de leur talent.
Nous sommes allés à la rencontre de ces « risographistes » passionnés qui nous ont (virtuellement, pandémie oblige) ouvert la porte de leurs ateliers.
Pour découvrir leurs univers, suivez le guide !
Freya Clijmans & An Onghena, kabinet.studio, Anvers, Belgique
Comment avez-vous découvert la risographie ?
An : Aujourd’hui, la risographie est assez populaire, mais ça n’a pas toujours été le cas. Il y a 10 ans, dans les foires aux livres d’art, tout le monde parlait de sérigraphie, pas de riso. Pourtant, la risographie m’avait tapé dans l’œil. Je me souviens d’avoir par exemple découvert le livre de Sigrid Calon1 (Dans la mesure de, imprimé sur risographe, NDR) et de m’être demandée « qu’est-ce que c’est que cette technique incroyable ? ».
Freya : C’est à travers un projet d’illustration que je suis tombée sur la riso. C’est une technologie qui correspondait parfaitement à mes besoins de jeune professionnelle : pas chère, bien plus rapide que la sérigraphie et permettant d’obtenir des couleurs très vives.
Vous avez monté Kabinet Studio2 ensemble en 2016. Avez-vous immédiatement fait de l’impression riso ?
An : Au début, nous étions beaucoup dans le DIY. Nous faisions à la main des pochoirs, des tampons, dans le but d’initier les gens à diverses techniques d’impression lors d’ateliers.
Freya : Nous avons d’abord acheté un Print Gocco, une petite imprimante riso destinée aux enfants. Nous avions très peu d’ampoules pour la faire fonctionner (créer un master sur la Gocco demande le flash de deux lampes à usage unique, NDR), donc nos possibilités de design étaient assez limitées. Mais nous l’avons tout de même amenée sur un marché de Noël de créateurs.
An : Rapidement, nous avons voulu avoir une machine plus pro. Aujourd’hui, nous avons un risographe, avec deux tambours et neuf couleurs.
Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans la risographie ?
An : Chaque impression qui sort de la machine est unique à cause du mouvement du papier. Toute les « erreurs » sont très belles. Et puis c’est une expérience tactile. Il faut manipuler le papier à la main, pas simplement appuyer sur un bouton. On a vraiment le contrôle sur tout le processus créatif.
Freya : L’éclat des couleurs, le fait qu’on puisse les utiliser en transparence, les superposer de façon à créer une troisième couleur… Avec la riso on peut travailler vite, faire des expériences, des essais très facilement, sans crainte de se tromper. C’est très différent de la sérigraphie qui demande beaucoup d’efforts. Et une erreur sur un écran de sérigraphie revient cher ! Un autre avantage de la risographie, c’est que le procédé est peu technique et facile à comprendre. On peut avancer par essais et erreurs : on tente quelque chose, et si ça ne marche pas, on cherche une solution – et parfois on évite le problème ! On est toujours en train de découvrir et d’apprendre de nouvelles choses.
Qu’imprimez-vous sur votre machine ?
An: Nous réalisons tous types de petits travaux d’impression – cartes de visites, faire-part de naissance ou de mariage, cartes postales, cartes de Noël, cartons d’anniversaire, posters… – ainsi que des projets graphiques plus importants. Nous créons des livres d’art avec et pour des illustrateurs. Nous imprimons aussi nos propres œuvres.
Que pensent vos clients des « imperfections » de la risographie ?
An: Certains adorent, ils adhèrent complètement. Ils comprennent aussi que, pour créer leur design, il va falloir faire preuve d’inventivité dans la façon dont on utilise les couleurs.
Freya: Parfois, quand on fait des faire-part de naissance ou de mariage par exemple, les gens ont du mal à comprendre que le rendu ne va pas être identique sur toutes les impressions, que ce n’est pas de la reproduction numérique. Il faut leur expliquer dès le début comment fonctionne la machine. C’est pourquoi, maintenant, on prend bien le temps de tout exposer en amont et qu’on montre des échantillons. Bien informés, nos clients savent à quoi s’attendre et ne sont pas surpris par le résultat. Ils sont même très contents !