Hand Saw Press
Interview

Risographe, mon amour – Hand Saw Press

pictogramme micro
29 mars 2021

La communauté RISO regroupe des milliers d’aficionados du risographe (ou duplicopieur), une solution d’impression inventée en 1984 par RISO KAGAKU CORPORATION.

Des créatifs de tout poil – artistes, imprimeurs, illustrateurs… – se sont approprié cette technologie sans pareille qui sert de vecteur à l’expression de leur talent.

Nous sommes allés à la rencontre de ces « risographistes » passionnés qui nous ont (virtuellement, pandémie oblige) ouvert la porte de leurs ateliers.

Pour découvrir leurs univers, suivez le guide !

Ryoko Ando et Shinsuke Kanno, Hand Saw Press, Tokyo, Japon

Le Japon est la patrie de RISO. Y a-t-il beaucoup de studios comme le vôtre à Tokyo ?

Ryoko : L’impression RISO est très populaire au Japon, mais surtout dans les écoles et les bureaux. Ici, tout le monde sait que le risographe est un outil éducatif. De nombreuses écoles en ont un, mais ils ne l’utilisent pas pour un rendu artistique. Ils ont peu de couleurs, souvent juste le noir, le rouge et le bleu. Parfois même, uniquement le noir.

Shinsuke : Dans notre seul quartier de Tokyo, Shibuya, on considère qu’il y a 3000 risographes ! Mais très peu servent à l’impression d’art. Les studios comme Hand Saw Press sont très rares au Japon.

Êtes-vous surpris de la popularité de la risographie en dehors du Japon ?

Shinsuke : Oui. Je pense que c’est parce qu’en Europe beaucoup d’artistes font de la sérigraphie. Or la RISO est en quelque sorte une version plus accessible, simple et ludique de la sérigraphie. Les seuls qui utilisent véritablement la sérigraphie au Japon sont les étudiants en école d’art.

Comment avez-vous découvert la risographie ?

Ryoko : Quand nous étions petits, comme beaucoup de Japonais, nous avions une Print Gocco. Je m’en suis beaucoup servi. J’adorais ça !

Shinsuke : Un de nos amis, Akinobu Oda, avait un vieux risographe dans l’arrière de son delicatessen vegan de Tokyo. Akinobu, critique musical, se servait de sa machine pour faire ses propres zines. Il invitait aussi ses amis musiciens à s’en servir. Mais son restaurant était si petit qu’on ne pouvait venir pendant les heures d’ouverture, il fallait passer pendant la nuit, quand le restaurant était fermé, ce qui n’était pas pratique. Aujourd’hui, Akinobu a lancé son propre studio riso à Kyoto.

Qu’est-ce qui vous a décidés à ouvrir Hand Saw Press ?

Ryoko : Nous voulions trouver un endroit dans lequel pour pourrions travailler le bois – d’où le nom de notre studio qui signifie « scie manuelle » –, faire du DIY et des impressions riso. Les loyers sont très chers à Tokyo, mais il y a trois ans nous avons trouvé un endroit abordable et nous avons fondé Hand Saw Press.

Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement dans la risographie ?

Shinsuke : Le côté fait à la main et DIY est ce qui nous importe le plus. Avec la riso, il y a un côté tactile, humain, qui me plaît énormément. L’impression digitale, qui est partout aujourd’hui, est trop lisse et parfaite pour moi.

Combien de machines avez-vous ?

Ryoko : 3 risographes et 22 couleurs. Et nous savons qu’il est possible de contacter RISO pour qu’ils nous fabriquent une couleur sur mesure, au besoin.

Quels types d’impressions faites-vous ?

Ryoko : Essentiellement des livres d’art, des posters et des zines. Parfois nous organisons des ateliers – dans nos studios, dans des écoles… – ou menons des projets artistiques.

Shinsuke : Nous avons par exemple reçu une vingtaine d’enfants du quartier, âgés de 4 à 10 ans, pour un atelier sur le thème des yokai, les fantômes japonais. Les enfants ont chacun choisi leur yokai préféré, l’ont dessiné ou réalisé en collage, puis nous avons réuni leur travail que nous avons imprimé et relié dans un livre : le Yokai Handbook.

Vous avez inauguré votre « riso truck ». Pouvez-vous en dire un mot ?

Ryoko: Régulièrement, nous ouvrons un pop-up store en ville où les gens peuvent venir et imprimer leurs propres projets sur riso. Cette année, à cause du COVID, nous avons plutôt opté pour un atelier riso ambulant dans un camion. Nous garions notre « riso truck » dans des endroits publics, à proximité de parcs très fréquentés par exemple, et proposions aux gens d’imprimer pour eux. C’était vraiment une superbe expérience car cela nous a permis d’aller à la rencontre de la population, et pas uniquement d’attirer les artistes et designers qui sont notre public habituel. Cela nous a permis de montrer que tout le monde peut être créatif.

La risographie est pour vous un hobby, quelles sont vos professions ?

Ryoko : Je suis designer d’intérieur chez Design Musica1.

Shinsuke : Je suis architecte, et aussi cuisinier dans un restaurant jamaïcain qui s’appelle Am-A-Lab2 !

Send this to a friend