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Le papier recyclé est-il plus écologique que le papier classique ?

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8 décembre 2021

zéro déchetsLe recyclage est un des piliers d’une démarche zéro déchets. C’est un des « 4 R » : réutiliser, réparer, réduire (les déchets) et recycler.

Or le papier est un des matériaux les plus recyclables et recyclés du monde (voir notre article ici). Privilégier le papier recyclé, c’est donc faire un geste environnemental, n’est-ce pas ?

Il semble évident que la réponse est « oui ». Déjà parce que produire du papier 100 % recyclé ne nécessite pas de couper des arbres, alors que pour obtenir une tonne de papier vierge il faut abattre jusqu’à 24 arbres (ce qui représente trois tonnes de bois)1. Idem en ce qui concerne la consommation d’eau et d’énergie, bien moindre pour le papier recyclé.

Le papier recyclé permet une économie de ressources qui apparaît essentielle aujourd’hui. L’abandon progressif des emballages plastiques et le boom du e-commerce – avec l’explosion du nombre de colis qu’il implique–, nous amènent notamment à utiliser des quantités toujours plus importantes de papiers et cartons. Alors autant utiliser la solution la plus écologique !

Mais attention, les choses ne sont pas aussi simples qu’il y paraît. Le papier recyclé n’est pas la panacée.

Il reste du chemin à parcourir

Tout n’est pas rose au royaume du papier recyclé. Une étude parue dans Nature Sustainability a montré que les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 10 % d’ici 20502 si tout le papier était dorénavant recyclé !

Ce résultat contre-intuitif s’explique par le fait que l’énergie utilisée pour produire le papier recyclé dans le monde provient essentiellement de sources fossiles.

Le papier produit à partir de fibres vierges s’appuie quant à lui fortement sur les énergies renouvelables. Il tire notamment profit de la combustion de biomasse (sous-produits du bois). Celle-ci représentait 50 %⁠3 de la consommation énergétique de l’industrie papetière en France en 2014.

La production de papier recyclé en France

Autre bémol à l’emploi du papier recyclé : la faible capacité de certains pays, dont la France, à le produire. Le syndicat français de l’industrie papetière, la Copacel, s’est pour cette raison positionnée contre la forte incitation à utiliser du papier recyclé consignée dans un récent rapport parlementaire.

La Copacel remarque que la quantité de vieux papier collectée sur le territoire national dépasse déjà les capacités actuelles de recyclage. Pour utiliser plus de papier recyclé en France, explique la Copacel, il faudra donc en importer « aux dépens d’un papier à base de bois produit en France et présentant une haute performance en matière d’économie circulaire »⁠4.

Non seulement ce papier recyclé importé provient de pays qui ne favorisent pas forcément les énergies vertes, mais son transport jusqu’en France est également énergivore.

Le coût environnementale du papier recyclé

Deux journalistes néo-zélandais5⁠ ont tenté de comparer les coûts environnementaux du papier vierge et recyclé sur leur île où les vieux papiers collectés servent uniquement à faire des cartons d’emballage. Cela signifie donc que si elle souhaite des mouchoirs, du papier toilette ou du papier bureautique contenant des fibres recyclées, la Nouvelle-Zélande doit les importer. Quand on sait que le pays le plus proche, l’Australie, est à 2000 km et que 80 % l’électricité produite en Nouvelle-Zélande provient d’énergies renouvelables, importer des papiers recyclés n’apparaît pas nécessairement comme une idée judicieuse.

Les journalistes concluent ainsi leurs recherches : « Dans certains cas, le papier recyclé aura l’avantage environnemental. Dans d’autres non. Si chaque papier doit être considéré sous toutes les coutures – ses bénéfices et mérites, son mode de production – il semble que le papier vierge produit en Nouvelle-Zélande a de bonnes chances de battre un papier importé ».

Si la situation en France n’est pas comparable en tous points, il n’en demeure pas moins que pour estimer l’impact écologique d’une ressource (telle que le papier recyclé), la considérer dans toutes ses dimensions et sur tout son cycle de vie est un must !

Le blanchiment : étape la plus polluante de la fabrication de papier

Dans votre esprit, essayez de visualiser une feuille de papier. Que voyez-vous ? Probablement un rectangle d’une blancheur immaculée. Pourtant, « les tout premiers papiers utilisés en Europe […] n’étaient pas vraiment blancs. Ils tiraient vers le jaune, le beige, l’écru, et avaient tendance à foncer au fil du temps », rapporte l’historien des couleurs Michel Pastoureau6 . C’est avec l’imprimerie, et « sans que l’on en connaisse les raisons ni les modalités » que le papier évolue rapidement vers le blanc véritable.

Mais cette blancheur parfaite, que l’on associe de nos jours naturellement au papier, a un coût écologique très important. Le blanchiment constitue en effet « le plus important point de rejet en polluants dans l’eau d’une usine de pâte à papier7 », représentant « 20 à 40 mᶟ d’eaux usées par tonne de pâte ».

Longtemps, on a blanchi le papier avec du chlore élémentaire, procédé très toxique interdit dans l’Union Européenne depuis 1990. Aujourd’hui, la méthode de blanchiment la plus utilisée par les papetiers est l’ECF (Elemental Chlorine Free) qui utilise du dioxyde de chlore, beaucoup moins dangereux mais générant encore « des dioxines et furanes en faible quantité8 ». Une méthode plus respectueuse de l’environnement, existe : la TCF (Totally Chlorine Free) n’emploie aucun dérivé du chlore mais emploie plutôt de l’oxygène, de l’ozone ou de l’eau oxygénée9.

Vous l’aurez compris, pour faire un choix vraiment écolo, optez pour un papier non blanchi !

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