Diplôme du Baccalauréat
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La sécurité des sujets du bac

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18 juin 2021

La revoici, la revoilà, c’est la saison du baccalauréat !

Comme chaque année, les terminales français vont bientôt devoir plancher pour démontrer toutes les compétences acquises pendant leurs années lycée. Enfin, pas tout à fait. En 2020, Covid oblige, la session présentielle du baccalauréat français avait été annulée et remplacée par un contrôle continu.

Et cette année encore, la plupart des matières ne feront pas l’objet d’un examen final. Mais les étudiants passeront dès la fin juin deux épreuves : un écrit de philosophie et, pour la première fois de l’histoire du bac, un Grand oral1.

Une fois n’est pas coutume, le bac à la sauce 2021 ne mettra donc pas des millions de copies d’examen dans les mains des lycéens français, excepté les sujets de philo.
Évidemment, tout est fait pour éviter que ces sujets de philosophie ne fuitent avant l’heure, ce qui priverait l’examen de sa raison d’être.

Mais au fait, comment font les autorités pour garantir le secret et la sécurité des sujets du bac, et lutter contre les risques de fraude ? On vous dit tout (ou presque) ci-dessous.

Des sujets imprimés en secret

Les sujets sont imprimés dans des lieux gardés secrets puis mis à l’abri dans des chambres fortes. L’accès à ces chambres est réservé à un nombre très restreint de personnes, qui ont signé une clause de confidentialité : ne pas la respecter, c’est s’exposer à 3 ans de prison ferme et 9000 € d’amende !⁠2

caméras de surveillanceEn Inde, dans l’État de l’Uttar Pradesh, un examen important (450 000 étudiants le passaient !) a dû être annulé après que des personnes ont réussi à s’introduire dans une telle chambre forte. Les fraudeurs ont réussi à mettre la main sur les questions du test qu’ils ont photographiées et partagées sur WhatsApp⁠3.

Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, pour se prémunir contre les fuites, les mesures sont encore plus drastiques : les personnes en charge de l’impression des sujets restent confinées dans des bunkers secrets de 45 à 60 jours avant l’examen !

Au Maroc⁠4, les sujets d’examen sont apportés par les directeurs d’académie des régions eux-mêmes jusqu’aux centres d’imprimerie régionaux. C’est là qu’ils sont imprimés et conservés jusqu’au jour J. Pendant tout le processus, les imprimeurs – dont le travail est contrôlé par vidéosurveillance – ont l’obligation de rester au sein des centres, avec interdiction de communiquer avec l’extérieur.

En Algérie, où la fraude est un problème majeur, les copies sont depuis 20185 imprimées par l’Office national d’imprimerie, sous vidéosurveillance, et acheminées 48 h avant l’épreuve par le service d’ordre algérien ! En Tunisie également, les militaires⁠6 sont mis à contribution pour sécuriser l’acheminement des sujets.

Faire face à la triche électronique

La bonne vieille antisèche en papier, c’est dépassé. Les étudiants qui veulent tricher aux examens aujourd’hui mettent à profit les possibilités offertes par toutes les innovations digitales. Avec un smartphone ou une montre connectée, rien de plus facile que d’accéder au web pour chercher des informations ou de communiquer avec un complice à l’extérieur qui souffle les réponses. Une étudiante algérienne a été surprise ainsi en 2015 quand son oreillette⁠7 a été découverte. Au Maroc, une étudiante est même allée jusqu’à se faire implanter chirurgicalement une oreillette similaire⁠8… C’aurait pu être le crime parfait, mais puisque l’histoire est connue, cela signifie que passer sur le billard n’a pas été, pour elle, une opération très rentable !

tricherie pendant un examen

En Angleterre, en Australie et en Nouvelle-Zélande, les montres connectées sont déjà interdites pendant les examens, et une commission d’experts penche pour une interdiction de toutes les montres⁠9, car il devient de plus en plus difficile de savoir si un tel objet est connecté ou non au web.

Pour contrer la triche, les smartphones des élèves, et parfois même ceux des surveillants, sont bien souvent confisqués le temps de l’épreuve. Mais les étudiants astucieux arrivent parfois à déguiser leurs objets connectés. Certains pays vont donc plus loin, en installant des brouilleurs de télécommunication, des détecteurs de métaux ou encore des caméras de surveillance. La Chine emploie même des drones⁠10 munis de scanners radio capables de repérer les ondes émises par les objets connectés. Et à l’entrée des salles d’examen, la Chine s’est dotée de systèmes de reconnaissance faciale et d’empreintes digitales pour éviter les usurpations d’identité !

La méthode radicale : les coupures d’internet

Dans les cas les plus extrêmes, là où la fraude est massive et endémique, les gouvernements vont parfois jusqu’à prendre une mesure franchement radicale : couper l’Internet dans tout le pays.

L’Ouzbékistan est familier11 de la chose depuis 2011, même si les coupures d’Internet ne sont pas reconnues officiellement comme des dispositifs anti-triche. Le gouvernement avance qu’il doit réaliser des travaux de « urgents de maintenance sur les réseaux de télécommunication ». Or, étrangement, les « travaux » sont réalisés très exactement pendant les heures d’examen.

Mais l’Ouzbékistan est loin d’être le seul pays à agir ainsi. En 2019, l’Éthiopie12 a coupé Internet pendant trois jours dans tout le pays pour des raisons similaires. L’Irak et l’Inde ont pris des dispositions identiques.

En 2018, après avoir dû faire face à de la fraude électronique à grande échelle pendant les deux années précédentes, l’Algérie a elle-aussi décidé de couper l’Internet, mais seulement quelques heures par jour au moment des épreuves du bac. Le New York Times⁠13 rapporte même que tous les « objets connectés capables d’accéder à Internet ont été bannis des plus de 2000 lieux d’examen du pays ».

Avec la démocratisation des objets connectés – on s’attend à ce que le marché des objets connectés à l’Internet soit multiplié par 6 pour atteindre près de 1500 milliards de dollars en 2027 – qui sait quelles nouvelles techniques de triche les étudiants vont élaborer ? Que faire si, par exemple, on se met à disposer de lentilles de contact capable d’offrir un accès permanent à l’Internet ? Ou de dispositifs sous-cutanés de réalité virtuelle ? Si de tels scénarios, dignes de la série Black Mirror, se réalisent, il faudra inventer de nouveaux moyens de faire face. Et peut-être même, qui sait, repenser intégralement la manière dont on évalue les connaissances des étudiants.

En Afrique, les centres d’impression sécurisés, souvent décrit comme des bunkers, emploient souvent des solutions d’impression RISO.

Pourquoi ce choix ?

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